Mélange des lumières

 

27-Mélange copie

 

« Mélange des lumières » mêle deux sortes de lumières : celle du jour retenue par une structure translucide et celle provenant d’une vingtaine de visionneuses pour diapositives (nous sommes en 1998 !). Un équilibre était à trouver entre ces sources lumineuses, la justesse formelle de ce travail en dépendait.

Terminant la descente de l’escalier, celui qui vient baigne dans ce mélange des lumières, entre dans cette grande « robe-abri », rythmé par les supports de la structure et habitée par vingt photos significatives du courage des femmes algériennes face à la barbarie ambiante. A sa gauche, le passage est libre, il peut choisir d’ignorer le propos. Si il reste, observant les clichés qui, suivant le mouvement de la forme, sont en position décroissante, il devra se pencher, s’accroupir, s’asseoir, trouver une posture différente de celle habituellement adoptée lorsque l’on regarde une œuvre : une légère déstabilisation amenant à plus d’acuité visuelle.

Mais pourquoi ce propos ? L’attitude indifférente des français, dont je suis, vis-à- vis d’un peuple auquel nous sommes chevillés depuis si longtemps par des liens de sang que nous avons voulus, me révulse. La télé dénombre jour après jour les égorgés de l’extrémisme en un constat sans suites et sans grande résonances.

Cette œuvre ne provoque pas, ne dénigre pas, ne blesse pas, elle veut organiser plastiquement avec des moyens simples un face-à-face nécessaire entre un regard isolé dans un espace clos et une tragédie humaine bien réelle que nous nous contentons d’observer comme l’entomologiste au bout de son instrument.

Du moins aurai-je fait un pas en direction de ce qui ressort de la responsabilité de l’artiste : tenter de saisir quelque chose des métamorphoses de notre société et le révéler par une œuvre. Qui a donc parlé de « pensée qui se voit ? »

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