Comment ça vient parfois

Chaque année, en automne, ce coin du jardin s’allume. C’était autrefois une haie serrée, infranchissable pour le bétail, un chêne et un hêtre s’y côtoyaient. J’ai laissé pousser le chêne et, l’été, son feuillage opulent masque totalement la ligne électrique qui le traverse. Le hêtre, libre aussi, n’a pourtant jamais fait de tronc, préférant entourer le chêne de ses branches fines ; on le remarque à peine. Tard en automne les rôles s’inversent. Le chêne se dépouille, montre tronc et ramure, tandis que le hêtre et ses feuilles mordorées emplissent le regard, socle d’un dessin de branches découpé sur le ciel. Tous les ans en été je taille un peu afin de maintenir le même volume et retrouver la beauté tardive qui sera déposée-là. Parfois le jardin vient ainsi : ce qui paraît un effet du hasard s’impose et trouve à l’évidence sa place dans la composition. Un hasard heureux pour nous, un arrangement profitable entre végétaux (il doit y avoir aussi là-dessous une affaire de champignons !). Le jardin est une barque que nous avons construite et croyons diriger.

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