Projet du Jardin du Revers

Du jardin « pour soi » au jardin du revers

Même si leurs créateurs se gardent bien de le dire, tous les jardins sont des corps-à-corps ; des affrontements de deux volontés, celle du jardinier dont les motivations sont multiples, souvent obscures (pourquoi s’échiner à « faire «  un jardin qui s’empressera d’oublier vos soins ?) et celle de la nature, mue invariablement par la quête de la lumière dont le végétal le plus robuste s’empare, en submergeant le plus faible. Lorsque le jardinier, levant les yeux de son travail constate avoir réalisé une harmonie qui le comble, il sait aussi que ce sera un moment fugitif : déjà un vent se lève, un nuage modifie le contraste des couleurs, un animal affolé a bousculé l’ordonnance.
Mais y a t-il pourtant une inscription plus satisfaisante qu’un jardin à la surface du globe ?
Dans ses meilleurs exemples, mon travail de plasticien est le résultat d’une rencontre entre un lieu choisi et le désir que mon intervention y produise une étincelle. Le jardin du revers poursuit la lignée de ces dialogues intenses et provoqués. Le lieu où il se développe, je le façonne depuis trente ans, tenant compte de son histoire, de ses limites et du paysage qui l’environne, de ses textures et de son climat, de son voisinage et de ses usagers. Un jardin « pour soi », conduit par intermittence en est d’abord résulté, dont les strates arborescentes et arbustives atteignent désormais le début de leur maturité. En le travaillant pour qu’il devienne le jardin du revers, cet acquis de trente ans sera confirmé et amplifié par de nouveaux apports permettant développer un parcours sur mille cinq cent mètres carrés et ouvert sur rendez-vous aux visiteurs en nombre limité. Habitant sur place, le jardin sera ouvert sept mois consécutifs de la mi-mai à la mi-octobre. J’évoquerai lors de ces rencontres les motivations qui sont à l’origine de cette réalisation, les rapports étroits qu’elle entretient avec l’art contemporain et le travail des créateurs qui auront été invités à s’y mêler.
En plus de l’acquisition de nouveaux végétaux, de leurs association thématiques et du travail du son dans le jardin, trois domaines s’enrichiront de façon décisive : la présence de l’eau sera amplifiée par une nouvelle surface au sud, la réalisation d’un mur d’eau et d’un fil d’eau ; un lieu d’accueil des visiteurs et plusieurs terrasses ponctuant le parcours seront mis en place ; enfin, deux espaces de création évolutive naîtrons où le métal, le minéral et la couleur seront essentiels.

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